jeudi 10 août 2017

Mais pourquoi tu ne voyages pas avec les respirateurs ?

Encore quatre heures de bus public, avec une arrivée tout suant avec mon sac à dos à Madurai, grande ville hébergeant un temple particulièrement sacré de Shiva. Cette fois-ci je vais passer deux nuits dans le même hôtel, ce sera la première fois depuis le début du voyage. Toutefois la deuxième nuit sera courte car mon train pour le Kerala partira à 4h du matin...

Mais pourquoi je ne suis pas parti avec les respirateurs me direz-vous ? C'est vrai ça : tout est organisé, le mini-bus est climatisé, les hébergements luxueux et à l'écart des grandes villes, il y a même des rencontres prévues dans des ashrams ou d'autres communautés. Il y a aussi six jours de soin intensifs dans le Kerala, dans un village tenu par un couple de Français, avec massages, médecine ayurvédique, respiration holotropique etc.

Ben alors Christian, t'es pas un peu con des fois ?

Ca faisait un peu beaucoup pour moi le mélange voyage organisé avec un groupe de Français + médecines et thérapies alternatives + expériences para-spirituelles, j'avais des réserves vu ma nature foncièrement misanthrope, asociale et rationnelle.

J'ai quand même rencontré la thérapeute, pour voir (et aussi par ce qu'Anne avait fait l'effort de partir deux semaines en navigation avec moi et des gens qu'elle ne connaissait pas, en mai). Le courant n'est pas passé. Je lui ai exprimé mes réserves, mon souhait de ne pas participer à toutes les activités (notamment les séances de respiration par exemple), et globalement j'ai eu deux réponses :
  • le souci que mon retrait ne casse la dynamique du groupe, dont la taille était réduite de façon à la favoriser
  • au cas où je ne participerai pas à certaines activités thérapeutiques, ce serait de toute façon le même prix.
Bref je me suis pas senti très bien accueilli dans ma différence, et j'ai pensé qu'il valait mieux que je voyage à ma manière.

Et effectivement Anne et moi n'avons pas voyagé de la même façon : son voyage l'a bien plus préservée et reposée. Quelques réalités pas toujours faciles à vivre ont été escamotées par la logistique déployée. Mais elle a aussi eu plus de rencontres que moi. Tout cela pour un budget évidemment très différent.

Mais de toute façon ce que je vis me correspond mieux. Au restaurant, j'ai Life, mon autobiographie de Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones, qui est un bouquin vivant et passionnant, je le conseille (ci-dessous en 1971 jouant une 5 cordes en open tuning). Du coup je n'ai pas l'impression d'être trop zarbi, bien que des voyageurs solitaires comme moi, je n'en aie pas vus. A vrai dire ça m'est égal, je l'ai déjà fait, je survis assez bien sans personne à qui parler.