Je rejoins six jeunes, dont deux étudiants français de Sciences Po Rennes qui font une année d’échange à l’université de Pondichéry. Ces deux là feront la journée avec moi, les autres quitteront le groupe après la pause déjeuner.
Nous grimpons vers un pic proche de Munnar atteignant les 2000 mètres. Nous n’avons que 500 mètres de dénivelée et il ne fait pas trop chaud, le ciel étant fortement couvert. Il se dégagera progressivement, et ce sera la seule belle journée de la semaine, paraît-il, sans pluie sauf en deuxième partie d’après-midi, quand nous aurons déjà rejoint notre tuk tuk.
Nous nous élevons doucement à travers les plantations de thé. Malgré le manque de lumière, les paysages sont magnifiques. Les buissons de thé, taillés à hauteur d’homme, offrent d’infinies variétés de vert, selon l’âge des feuilles. les passages réservés pour les cueilleurs dessinent des circonvolutions noires sur ce tapis qui épouse les reliefs en les adoucissant.
Notre guide nous explique qu’ici tout appartient à la firme Tata, un conglomérat industriel indien également producteur d’acier et d’automobiles. Tata a une forme coopérative, et emploie à Munnar environ 40 000 personnes, auxquelles il propose de nombreux services, comme l’éducation ou les soins gratuits. Malgré le respect que nous ressentons pour la firme, les cueilleurs sont rémunérés au kilo, et travaillent à la main ou à la cisaille, selon la qualité voulue et la densité de nouvelles pousses. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur Tata Group, allez sur son site web, c'est intéressant.
Seules les feuilles les plus jeunes sont bonnes pour la consommation, les plus sombres ne sont pas utilisables. Les jeunes pousses, encore enroulées, font le thé le plus recherché (thé blanc). Puis par ordre décroissant viennent les thés vert et noir, tout ceci à partir de la même variété. Le thé fait partie de la grande famille des camélias, et formerait un arbre de 6 mètres de hauteur s’il n’était pas taillé de façon à pousser bas et en largeur.
Nous abordons maintenant des altitudes où ne pousse plus qu’une végétation d’herbes plus ou moins rases. Notre guide nous montre des fumées d’éléphant. Il y a deux jours il en a vu trois par ici. Je ne pensais pas que les éléphants se plaisaient en montagne, mais après tout cela explique mieux qu’Hannibal ait pu leur faire franchir les Alpes pour marcher sur Rome. Sur les fumées poussent de petits champignons blancs.
Nous prenons un en-cas sur un escarpement rocheux et un immense aigle noir nous survole tranquillement. Le couple d’espagnols présent dans notre petit groupe nous demande si nous sommes au courant de l’attentat au camion bélier qui a tué des dizaines de personnes sur les Ramblas de Barcelone la veille. Nous nous remémorons les crimes terroristes qui ont ensanglanté nos deux pays ces vingt dernières années. Puis nous prenons quelques photos du panorama avant de commencer une descente qui s’avérera longue et pénible, d’abord dans les plantations de thé, puis celles d’épices, du fait de la pente très raide et de la durée de l’épreuve.
Au fur et à mesure que nous descendons, nous retrouvons des morceaux de route, longeons deux écoles (l’une publique et l’autre privée et catholique), et finissons notre trek dans une charmante villa où un robuste curry végétarien nous est servi. Mes deux étudiants français en avalent de grosses quantité en mangeant avec leurs doigts. Ce n’est pas très ragoutant à voir, mais ils m’expliquent que la sensation est agréable et que l’appréhension de la nourriture est plus complète. La quasi-totalité des Indiens que j’ai vus mangent comme cela, sur une feuille de bananier, mais je ne m’y suis pas mis.
En mangeant ils me disent que Pondichery n’était pas leur premier choix, mais qu’ils y sont très satisfaits. La ville est une des plus agréables du Tamil Nadu, et ils se sont fait beaucoup d’amis Indiens. Ils ont d’autant plus de temps que l’enseignement n’est pas très intense.
En y réfléchissant, je suis frappé par le nombre d’établissements d’enseignement technique ou supérieur que j’ai vus depuis mon bus. Beaucoup reste à faire pour développer les infrastructures indiennes, mais le volume de la population étudiante devrait leur donner tous les ingénieurs et gestionnaires dont le pays à besoin. Cela inspire une certaine confiance pour l’avenir.
L’un des deux Sciences Po repart le soir même pour Pondichéry par une succession de bus de nuit. Il en aura probablement pour plus de 12 heures de voyage, mais cela n’a pas l’air de trop l’effrayer : c’est là que je me dis que nous n’avons pas le même âge.
Nous grimpons vers un pic proche de Munnar atteignant les 2000 mètres. Nous n’avons que 500 mètres de dénivelée et il ne fait pas trop chaud, le ciel étant fortement couvert. Il se dégagera progressivement, et ce sera la seule belle journée de la semaine, paraît-il, sans pluie sauf en deuxième partie d’après-midi, quand nous aurons déjà rejoint notre tuk tuk.
Nous nous élevons doucement à travers les plantations de thé. Malgré le manque de lumière, les paysages sont magnifiques. Les buissons de thé, taillés à hauteur d’homme, offrent d’infinies variétés de vert, selon l’âge des feuilles. les passages réservés pour les cueilleurs dessinent des circonvolutions noires sur ce tapis qui épouse les reliefs en les adoucissant.
Notre guide nous explique qu’ici tout appartient à la firme Tata, un conglomérat industriel indien également producteur d’acier et d’automobiles. Tata a une forme coopérative, et emploie à Munnar environ 40 000 personnes, auxquelles il propose de nombreux services, comme l’éducation ou les soins gratuits. Malgré le respect que nous ressentons pour la firme, les cueilleurs sont rémunérés au kilo, et travaillent à la main ou à la cisaille, selon la qualité voulue et la densité de nouvelles pousses. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur Tata Group, allez sur son site web, c'est intéressant.
Seules les feuilles les plus jeunes sont bonnes pour la consommation, les plus sombres ne sont pas utilisables. Les jeunes pousses, encore enroulées, font le thé le plus recherché (thé blanc). Puis par ordre décroissant viennent les thés vert et noir, tout ceci à partir de la même variété. Le thé fait partie de la grande famille des camélias, et formerait un arbre de 6 mètres de hauteur s’il n’était pas taillé de façon à pousser bas et en largeur.
Nous prenons un en-cas sur un escarpement rocheux et un immense aigle noir nous survole tranquillement. Le couple d’espagnols présent dans notre petit groupe nous demande si nous sommes au courant de l’attentat au camion bélier qui a tué des dizaines de personnes sur les Ramblas de Barcelone la veille. Nous nous remémorons les crimes terroristes qui ont ensanglanté nos deux pays ces vingt dernières années. Puis nous prenons quelques photos du panorama avant de commencer une descente qui s’avérera longue et pénible, d’abord dans les plantations de thé, puis celles d’épices, du fait de la pente très raide et de la durée de l’épreuve.
Nous guide change et le nouveau s’avère plus prolixe en explications. Cela tombe bien car il y a beaucoup à voir, et même à goûter, dans cette jungle à la terre rouge, où tout s’avère cultivé, à tous les étages de la forêt. En bas, sous la protection du couvert offert par des arbres plus grands, poussent le poivre (une liane), le cacao (dont les grosses gousses sont à hauteur d’homme), la cardamone (une plante de la taille du maïs, dont les graines se déploient en grappes à son pied), le gingembre (une plante peu élevée), sans compter tous les fruitiers, dont le big fruit, produisant d’énormes fruits. Le guide nous fait goûter un tout petit piment qui nous brûle la langue pendant un bon quart d’heure. Au milieu de tout cela, des araignées de 10 cm de diamètre déploient des toiles gigantesques.
Au fur et à mesure que nous descendons, nous retrouvons des morceaux de route, longeons deux écoles (l’une publique et l’autre privée et catholique), et finissons notre trek dans une charmante villa où un robuste curry végétarien nous est servi. Mes deux étudiants français en avalent de grosses quantité en mangeant avec leurs doigts. Ce n’est pas très ragoutant à voir, mais ils m’expliquent que la sensation est agréable et que l’appréhension de la nourriture est plus complète. La quasi-totalité des Indiens que j’ai vus mangent comme cela, sur une feuille de bananier, mais je ne m’y suis pas mis.
En mangeant ils me disent que Pondichery n’était pas leur premier choix, mais qu’ils y sont très satisfaits. La ville est une des plus agréables du Tamil Nadu, et ils se sont fait beaucoup d’amis Indiens. Ils ont d’autant plus de temps que l’enseignement n’est pas très intense.
En y réfléchissant, je suis frappé par le nombre d’établissements d’enseignement technique ou supérieur que j’ai vus depuis mon bus. Beaucoup reste à faire pour développer les infrastructures indiennes, mais le volume de la population étudiante devrait leur donner tous les ingénieurs et gestionnaires dont le pays à besoin. Cela inspire une certaine confiance pour l’avenir.
L’un des deux Sciences Po repart le soir même pour Pondichéry par une succession de bus de nuit. Il en aura probablement pour plus de 12 heures de voyage, mais cela n’a pas l’air de trop l’effrayer : c’est là que je me dis que nous n’avons pas le même âge.