dimanche 13 août 2017

13 août, anniversaire d'Anne

Pour fêter ça, je vais la chercher en vespa à son hôtel, Vishram Village, après le déjeuner car elle croule sous les occupations, entre massage et médecine ayurvédique, yoga et préparation des séances de médecine halotropique. Gérard, un architecte de Lausanne, lui a interprété ce matin un air de circonstance sur son harmonica.

J’arrive du premier coup à trouver la route allant à Vishram Village : pourtant ce n’est pas évident, tout au bout d’un labyrinthe principalement fréquenté par des motos et des tuk tuk, et pas du tout indiqué. A l’entrée je parlemente avec le gardien pour qu’il me laisse rentrer, lui expliquant que je viens chercher ma femme pour l’emmener à mon hôtel, ce qui ne le décide pas à ouvrir la porte, il demeure très circonspect. Heureusement Anne traîne justement par là à la recherche d’un oreiller plus mou, ce qui contraint le cerbère à abandonner tout raisonnement logique.

Nous décidons de faire une promenade à pied le long de la falaise. Les restaurants et les boutiques se succèdent sans discontinuer pendant plusieurs kilomètres, avec un chemin dominant franchement la mer, très agréable, et les rouleaux venant se fracasser contre les rochers. Les installations touristiques finissent par s’espacer avant de disparaître et céder la place aux palmiers et aux barques de pêcheurs. Cela correspond aussi à la fin de la portion la plus élevée de la falaise, régulièrement entaillée par les embouchures de petits cours d’eau. De lieu en lieu nous observons des groupes de corneilles survolant la falaise. Elles dénotent des décharges sauvages plus importantes que les autres : il ne vaut mieux pas regarder en contre-bas.


Plus loin, nous observons deux pêcheurs repriser une barque traditionnelle : en effet, les lattes en bois sont fermement tenues ensemble par des cordelettes probablement en fibre de coco. Ils se repassent l’aiguille de part et d’autre de la coque.


Un peu plus loin, ce sont une dizaine de grandes barques qui patientent sur le sable, près d’une mosquée jaune. C’est la troisième que nous verrons pendant cette promenade. Et pourtant au Kerala le christianisme est la deuxième religion devant l’islam.


Nous terminons en longeant une lagune où évoluent les aigrettes et les grues, assistons à une demi-baignade tamoule, donc toute habillée, et prenons un tuk tuk pour rentrer.

La journée s’achève dans un restaurant au nom étrange, Gods Own Country Kitchen, où un serveur sautillant coiffé d’un bandeau s’exprime à peu près comme Johnny Depp dans Pirate des Caraïbes. Alors que toutes les tables sont couvertes de chopes à bière, il refuse en grimaçant de nous en servir une, en justifiant sa position par des contrôles en cours chez d’autres restaurateurs, également démunis de licence. En dédommagement nous obtenons toutefois un cocktail à base de noix de coco. Nous dégustons un bon poisson à la kéralaise, assez piquant, en écoutant le bruit des vagues en dessous de nous.