Arrivés vers 11h à l'aéroport de Colombo, nous sommes vite sollicités par des chauffeurs de taxi, à l'intérieur même de l'aérogare. Je commence par refuser car j'ai prévu que nous prenions un bus vers la gare routière, afin de tenter de prendre un train pour Anuradhapura. Mais j'angoisse un peu : il n'a pas été possible de réserver à l'avance des places en voiture climatisée, je ne sais pas s'il y en a, et j'ai quelques sueurs froides en imaginant un plan B à base de bus bondé et surchauffé klaxonnant pour se faire de la place sur la route en zigzaguant. Il ne faudrait pas commencer par une galère de cinq heures, d'autant que ma petite femme en porcelaine a peu dormi.
Nous ne trouvons d'ailleurs pas le départ des bus à l'extérieur de l'aérogare, et, toujours environnés de rabatteurs qui nous demandent où nous allons, je commence à m'enquérir des prix. Soixante euros pour un trajet en voiture pour Anuradhapura, la cité la plus ancienne des rois bouddhiques du Sri Lanka, cela n'a évidemment rien à voir avec les tarifs auxquels je suis habitué, mais nous arriverions bien plus tôt, et surtout sans rupture de charge ni aléas. Je finis par céder.
Dans le véhicule qui progresse tranquillement, Anne ayant évoqué sa peur des accidents, nous constatons vite que la circulation sri lankaise est bien différente de l'indienne. Si les routes sont plus étroites, elle y sont aussi meilleures, et moins agitées. Il y a moins de motos, bicyclettes et tuk tuk, et tout est beaucoup plus calme et vert. On n'entend pas trop de klaxon. Et sur les bas côtés, il y a bien moins d'ordures. Bref le premier contact est assez agréable. Il y a un détail assez idiot, mais rassurant pour nous, c'est la présence d'un marquage au sol : il y a même des bandes blanches sur les côtés de la chaussée.
Notre chauffeur n'est pas loquace mais nous conduit tranquillement à notre hötel, assez grand, mais qui a l'avantage de border un des nombreux lacs artificiels de la cité antique, et est pourvu d'une piscine. Dans la chambre, dont la baie vitrée donne directement sur le jardin, nous découvrons un peit avertissement amusant.
lundi 21 août 2017
dimanche 20 août 2017
Dernière journée à Cochin avant le Sri Lanka
Pour des raisons de parité bien compréhensibles, j'ai moi aussi pris un hôtel de luxe à Cochin, donnant sur la rade. L'avantage est que la réception, rompue à un flegme total devant les excentricités de ses clients, ne manifeste aucune surprise quand je la préviens que mon épouse passera sans doute me chercher.
Cochin est une ville d'où le trafic des épices et du thé, en provenance des montagnes orientales, est longtemps parti. Elle a conservé, dans certains quartiers, son ambiance coloniale. Dans le quartier de Cochin Fort, où nous sommes installés, il y a surtout des villas ou de petits immeubles. C'est vert, plutôt calme, et très agréable. Le seul problème est qu'il y a beaucoup d'occidentaux du fait de la proximité d'un aéroport international.
Les pouvoirs municipaux ont laissé poussé des arbres absolument gigantesques qui sont aussi une des attractions du lieu.
Cochin est une ville d'où le trafic des épices et du thé, en provenance des montagnes orientales, est longtemps parti. Elle a conservé, dans certains quartiers, son ambiance coloniale. Dans le quartier de Cochin Fort, où nous sommes installés, il y a surtout des villas ou de petits immeubles. C'est vert, plutôt calme, et très agréable. Le seul problème est qu'il y a beaucoup d'occidentaux du fait de la proximité d'un aéroport international.
Les pouvoirs municipaux ont laissé poussé des arbres absolument gigantesques qui sont aussi une des attractions du lieu.
samedi 19 août 2017
Trajet vers Cochin et la récupération d'Anne
Le retour vers Cochin est tout aussi sportif que l'aller, même si le bus est cette fois public. Il a beau être rapide, j'ai quand même le temps de saisir cette vue d'un panneau publicitaire dans une petite ville indienne.
Il n'a rien d'isolé : les entreprises liées à la construction n'hésitent pas à faire la promotion de leurs produits techniques dans la rue (ici des barres en acier). Cela dénote sans doute une phase d'intense développement immobilier.
Au sortir de la gare routière de Cochin, cela se matérialise notamment par ce type de juxtaposition architecturale.
Il n'a rien d'isolé : les entreprises liées à la construction n'hésitent pas à faire la promotion de leurs produits techniques dans la rue (ici des barres en acier). Cela dénote sans doute une phase d'intense développement immobilier.
Au sortir de la gare routière de Cochin, cela se matérialise notamment par ce type de juxtaposition architecturale.
vendredi 18 août 2017
Trek dans les plantations de thé et d’épices à Munnar
Je rejoins six jeunes, dont deux étudiants français de Sciences Po Rennes qui font une année d’échange à l’université de Pondichéry. Ces deux là feront la journée avec moi, les autres quitteront le groupe après la pause déjeuner.
Nous grimpons vers un pic proche de Munnar atteignant les 2000 mètres. Nous n’avons que 500 mètres de dénivelée et il ne fait pas trop chaud, le ciel étant fortement couvert. Il se dégagera progressivement, et ce sera la seule belle journée de la semaine, paraît-il, sans pluie sauf en deuxième partie d’après-midi, quand nous aurons déjà rejoint notre tuk tuk.
Nous nous élevons doucement à travers les plantations de thé. Malgré le manque de lumière, les paysages sont magnifiques. Les buissons de thé, taillés à hauteur d’homme, offrent d’infinies variétés de vert, selon l’âge des feuilles. les passages réservés pour les cueilleurs dessinent des circonvolutions noires sur ce tapis qui épouse les reliefs en les adoucissant.
Notre guide nous explique qu’ici tout appartient à la firme Tata, un conglomérat industriel indien également producteur d’acier et d’automobiles. Tata a une forme coopérative, et emploie à Munnar environ 40 000 personnes, auxquelles il propose de nombreux services, comme l’éducation ou les soins gratuits. Malgré le respect que nous ressentons pour la firme, les cueilleurs sont rémunérés au kilo, et travaillent à la main ou à la cisaille, selon la qualité voulue et la densité de nouvelles pousses. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur Tata Group, allez sur son site web, c'est intéressant.
Seules les feuilles les plus jeunes sont bonnes pour la consommation, les plus sombres ne sont pas utilisables. Les jeunes pousses, encore enroulées, font le thé le plus recherché (thé blanc). Puis par ordre décroissant viennent les thés vert et noir, tout ceci à partir de la même variété. Le thé fait partie de la grande famille des camélias, et formerait un arbre de 6 mètres de hauteur s’il n’était pas taillé de façon à pousser bas et en largeur.
Nous abordons maintenant des altitudes où ne pousse plus qu’une végétation d’herbes plus ou moins rases. Notre guide nous montre des fumées d’éléphant. Il y a deux jours il en a vu trois par ici. Je ne pensais pas que les éléphants se plaisaient en montagne, mais après tout cela explique mieux qu’Hannibal ait pu leur faire franchir les Alpes pour marcher sur Rome. Sur les fumées poussent de petits champignons blancs.
Nous prenons un en-cas sur un escarpement rocheux et un immense aigle noir nous survole tranquillement. Le couple d’espagnols présent dans notre petit groupe nous demande si nous sommes au courant de l’attentat au camion bélier qui a tué des dizaines de personnes sur les Ramblas de Barcelone la veille. Nous nous remémorons les crimes terroristes qui ont ensanglanté nos deux pays ces vingt dernières années. Puis nous prenons quelques photos du panorama avant de commencer une descente qui s’avérera longue et pénible, d’abord dans les plantations de thé, puis celles d’épices, du fait de la pente très raide et de la durée de l’épreuve.
Au fur et à mesure que nous descendons, nous retrouvons des morceaux de route, longeons deux écoles (l’une publique et l’autre privée et catholique), et finissons notre trek dans une charmante villa où un robuste curry végétarien nous est servi. Mes deux étudiants français en avalent de grosses quantité en mangeant avec leurs doigts. Ce n’est pas très ragoutant à voir, mais ils m’expliquent que la sensation est agréable et que l’appréhension de la nourriture est plus complète. La quasi-totalité des Indiens que j’ai vus mangent comme cela, sur une feuille de bananier, mais je ne m’y suis pas mis.
En mangeant ils me disent que Pondichery n’était pas leur premier choix, mais qu’ils y sont très satisfaits. La ville est une des plus agréables du Tamil Nadu, et ils se sont fait beaucoup d’amis Indiens. Ils ont d’autant plus de temps que l’enseignement n’est pas très intense.
En y réfléchissant, je suis frappé par le nombre d’établissements d’enseignement technique ou supérieur que j’ai vus depuis mon bus. Beaucoup reste à faire pour développer les infrastructures indiennes, mais le volume de la population étudiante devrait leur donner tous les ingénieurs et gestionnaires dont le pays à besoin. Cela inspire une certaine confiance pour l’avenir.
L’un des deux Sciences Po repart le soir même pour Pondichéry par une succession de bus de nuit. Il en aura probablement pour plus de 12 heures de voyage, mais cela n’a pas l’air de trop l’effrayer : c’est là que je me dis que nous n’avons pas le même âge.
Nous grimpons vers un pic proche de Munnar atteignant les 2000 mètres. Nous n’avons que 500 mètres de dénivelée et il ne fait pas trop chaud, le ciel étant fortement couvert. Il se dégagera progressivement, et ce sera la seule belle journée de la semaine, paraît-il, sans pluie sauf en deuxième partie d’après-midi, quand nous aurons déjà rejoint notre tuk tuk.
Nous nous élevons doucement à travers les plantations de thé. Malgré le manque de lumière, les paysages sont magnifiques. Les buissons de thé, taillés à hauteur d’homme, offrent d’infinies variétés de vert, selon l’âge des feuilles. les passages réservés pour les cueilleurs dessinent des circonvolutions noires sur ce tapis qui épouse les reliefs en les adoucissant.
Notre guide nous explique qu’ici tout appartient à la firme Tata, un conglomérat industriel indien également producteur d’acier et d’automobiles. Tata a une forme coopérative, et emploie à Munnar environ 40 000 personnes, auxquelles il propose de nombreux services, comme l’éducation ou les soins gratuits. Malgré le respect que nous ressentons pour la firme, les cueilleurs sont rémunérés au kilo, et travaillent à la main ou à la cisaille, selon la qualité voulue et la densité de nouvelles pousses. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur Tata Group, allez sur son site web, c'est intéressant.
Seules les feuilles les plus jeunes sont bonnes pour la consommation, les plus sombres ne sont pas utilisables. Les jeunes pousses, encore enroulées, font le thé le plus recherché (thé blanc). Puis par ordre décroissant viennent les thés vert et noir, tout ceci à partir de la même variété. Le thé fait partie de la grande famille des camélias, et formerait un arbre de 6 mètres de hauteur s’il n’était pas taillé de façon à pousser bas et en largeur.
Nous prenons un en-cas sur un escarpement rocheux et un immense aigle noir nous survole tranquillement. Le couple d’espagnols présent dans notre petit groupe nous demande si nous sommes au courant de l’attentat au camion bélier qui a tué des dizaines de personnes sur les Ramblas de Barcelone la veille. Nous nous remémorons les crimes terroristes qui ont ensanglanté nos deux pays ces vingt dernières années. Puis nous prenons quelques photos du panorama avant de commencer une descente qui s’avérera longue et pénible, d’abord dans les plantations de thé, puis celles d’épices, du fait de la pente très raide et de la durée de l’épreuve.
Nous guide change et le nouveau s’avère plus prolixe en explications. Cela tombe bien car il y a beaucoup à voir, et même à goûter, dans cette jungle à la terre rouge, où tout s’avère cultivé, à tous les étages de la forêt. En bas, sous la protection du couvert offert par des arbres plus grands, poussent le poivre (une liane), le cacao (dont les grosses gousses sont à hauteur d’homme), la cardamone (une plante de la taille du maïs, dont les graines se déploient en grappes à son pied), le gingembre (une plante peu élevée), sans compter tous les fruitiers, dont le big fruit, produisant d’énormes fruits. Le guide nous fait goûter un tout petit piment qui nous brûle la langue pendant un bon quart d’heure. Au milieu de tout cela, des araignées de 10 cm de diamètre déploient des toiles gigantesques.
Au fur et à mesure que nous descendons, nous retrouvons des morceaux de route, longeons deux écoles (l’une publique et l’autre privée et catholique), et finissons notre trek dans une charmante villa où un robuste curry végétarien nous est servi. Mes deux étudiants français en avalent de grosses quantité en mangeant avec leurs doigts. Ce n’est pas très ragoutant à voir, mais ils m’expliquent que la sensation est agréable et que l’appréhension de la nourriture est plus complète. La quasi-totalité des Indiens que j’ai vus mangent comme cela, sur une feuille de bananier, mais je ne m’y suis pas mis.
En mangeant ils me disent que Pondichery n’était pas leur premier choix, mais qu’ils y sont très satisfaits. La ville est une des plus agréables du Tamil Nadu, et ils se sont fait beaucoup d’amis Indiens. Ils ont d’autant plus de temps que l’enseignement n’est pas très intense.
En y réfléchissant, je suis frappé par le nombre d’établissements d’enseignement technique ou supérieur que j’ai vus depuis mon bus. Beaucoup reste à faire pour développer les infrastructures indiennes, mais le volume de la population étudiante devrait leur donner tous les ingénieurs et gestionnaires dont le pays à besoin. Cela inspire une certaine confiance pour l’avenir.
L’un des deux Sciences Po repart le soir même pour Pondichéry par une succession de bus de nuit. Il en aura probablement pour plus de 12 heures de voyage, mais cela n’a pas l’air de trop l’effrayer : c’est là que je me dis que nous n’avons pas le même âge.
jeudi 17 août 2017
Début d'intégration des contenus d'Anne
Bon, comme j'en avais un peu assez de faire des articles sur des temples ou des trajets, j'ai commencé à intégrer les contenus d'Anne qu'elle envoie à nos trois filles par WhatsApp.
Vous pouvez tous les retrouver en cliquant sur le libellé "Voyage d'Anne" à droite.
Pour les lieux que nous avons visité tous les deux, j'ai inclus des liens croisés entre les pages.
Vous pouvez tous les retrouver en cliquant sur le libellé "Voyage d'Anne" à droite.
Pour les lieux que nous avons visité tous les deux, j'ai inclus des liens croisés entre les pages.
Trajet vers Munnar et les plantations de thé
Comme je suis un peu en retard pour attraper mon bus et qu’il n’y en a qu’un par jour depuis Allapujah, mon hôte a la gentillesse de m’emmener à la gare routière sur sa Royal Enfield. C’est nettement plus agréable que la vespa, et surtout le bruit du moteur est extraordinaire, assez comparable à celui d’une Harley.
Il s’avère que pour la première fois je vais voyager dans un bus privé, avec des sièges confortables et même une climatisation. Le chauffeur est néanmoins aussi fou que les autres, et comme il dispose d’une machine efficace, double à peu près tout le temps sur la route en lacets extrêmement encombrée.
Après cinq heures de suspens embarbouillé, je me fais déposer à un petit carrefour d’où un tuk tuk m’amène à l’hôtel. Il est encore tôt, mais l’arrivée d’une pluie assez dense à l’heure d’une première excursion prévue dans les plantations de thé fera annuler celle-ci par le guide. Je ne fais donc pas grand chose jusqu’à l’heure du repas, à part avancer dans ma lecture des mémoires toujours très vivantes et intéressantes de Keith Richards, et sur le blog. Je dîne tôt, demain je me lève à 5h30 pour rejoindre un guide à Munnar, en espérant qu'il ne pleuve pas.
Il s’avère que pour la première fois je vais voyager dans un bus privé, avec des sièges confortables et même une climatisation. Le chauffeur est néanmoins aussi fou que les autres, et comme il dispose d’une machine efficace, double à peu près tout le temps sur la route en lacets extrêmement encombrée.
Après cinq heures de suspens embarbouillé, je me fais déposer à un petit carrefour d’où un tuk tuk m’amène à l’hôtel. Il est encore tôt, mais l’arrivée d’une pluie assez dense à l’heure d’une première excursion prévue dans les plantations de thé fera annuler celle-ci par le guide. Je ne fais donc pas grand chose jusqu’à l’heure du repas, à part avancer dans ma lecture des mémoires toujours très vivantes et intéressantes de Keith Richards, et sur le blog. Je dîne tôt, demain je me lève à 5h30 pour rejoindre un guide à Munnar, en espérant qu'il ne pleuve pas.
mercredi 16 août 2017
Boire une bière sans déprimer dans un bar indien
Sur les conseils de mon hôte je vais profiter des derniers rayons du soleil sur la plage d’Allapujah, où se côtoient certains des meilleurs restaurants de la ville, ainsi qu’un bar mentionné dans mon guide. Le front de mer n’a rien d’une riviera : une voie rapide en viaduc est en construction sur le front de mer, et a déjà saboté l’agrément qu’il pouvait avoir. La plage demeure toute fois agréable.
La décoration intérieure du bar indien n’est pas très joyeuse, mais apparemment les clients, tous des hommes plutôt jeunes, ne viennent pas pour ça, si j’en juge par le nombre de bouteilles de bière de 66 centilitres qui traînent sur les tables. Je suis le seul visage pâle parmi eux. On me fait signe d’aller commander au comptoir, et cette trace des habitudes britanniques me rappelle un pub londonien à l’ambiance particulièrement soignée et originale.
Son souvenir n’est pas particulièrement à l’avantage du lieu. Il est vrai qu’entre des murs en pierres grossières vernies en marron, des poutre et tuiles apparentes également sombres, un mobilier foncé et un sol lie-de-vin, le bar indien ne déclenche pas l’excitation. D’autant qu’il est à peine éclairé par des ampoules basses consommation pendouillant de la charpente.
La seule touche de couleur du lieu est le fruit d’un panneau publicitaire célébrant le sponsoring du championnat de cricket par la marque de bière Kingfisher, avec son bel oiseau piscicole bleu et jaune, au long bec pointu. Je m’en reprendrais presque une autre du coup.
La décoration intérieure du bar indien n’est pas très joyeuse, mais apparemment les clients, tous des hommes plutôt jeunes, ne viennent pas pour ça, si j’en juge par le nombre de bouteilles de bière de 66 centilitres qui traînent sur les tables. Je suis le seul visage pâle parmi eux. On me fait signe d’aller commander au comptoir, et cette trace des habitudes britanniques me rappelle un pub londonien à l’ambiance particulièrement soignée et originale.
Son souvenir n’est pas particulièrement à l’avantage du lieu. Il est vrai qu’entre des murs en pierres grossières vernies en marron, des poutre et tuiles apparentes également sombres, un mobilier foncé et un sol lie-de-vin, le bar indien ne déclenche pas l’excitation. D’autant qu’il est à peine éclairé par des ampoules basses consommation pendouillant de la charpente.
La seule touche de couleur du lieu est le fruit d’un panneau publicitaire célébrant le sponsoring du championnat de cricket par la marque de bière Kingfisher, avec son bel oiseau piscicole bleu et jaune, au long bec pointu. Je m’en reprendrais presque une autre du coup.
Trajet en ferry entre Kollam et Allapujah
Le ferry met huit heures pour couvrir les 80 kilomètres, entre les deux villes, mais c’est un plaisir, contrairement au bus.
Au début, nous allons d’étang en étang. Certains sont vraiment grands et se prêteraient bien à une navigation à voile. Mais je n’en verrai aucune à l’horizon : les moteurs hors bord ont tout supplanté. C’est dommage car il y aurait vraiment de quoi faire des croisières extraordinaires, ou au moins des raids sympathiques en voile légère.
Nous croisons beaucoup de bateaux de pêche, dont les équipages nous saluent.
Sur les rivages, je vois plusieurs grandes églises, dont la plus grande en construction. Il y a souvent une statue du Christ campée en avant-poste sur le rivage, parfois accompagné du saint qui donne son nom au lieu.
Quelques personnes privées ont aussi laissé libre cours à leur fantaisie, générant ici une dérivation charnue de notre statue de la liberté, pompeusement intitulée Goddess of Light.
Partout de grands carrelets sont implantés. Je vois aussi des pêcheurs en barque jeter dans l’eau de grands filets circulaires en déroulant amplement leurs bras : ceux-ci tombent entièrement déployés dans l’eau.
Ce paysage très ouvert se referme quand les étangs laissent la place aux canaux orientés nord sud. En période de mousson, qui occasionne des vents d’ouest soutenus faisant déferler les vagues sur les rivages, les back waters et les canaux offrent des mouillages sûrs et des voies de navigation tranquilles aux nombreux pêcheurs. Nous nous arrêtons une petite heure dans un restaurant très simple sur pilotis, pour prendre un déjeuner à base de poisson grillé.
Dans certains canaux secondaires, les plantes aquatiques ont colonisé l’espace, ce qui me fait beaucoup penser au delta du Danube, dans lequel j’avais passé une semaine à la recherche des zones de reproduction des pélicans, en barque maniée à la rame, quand j’étais coopérant en Roumanie. Je retrouve même des îles flottantes. Toutefois dans le Danube il y avait même des roseaux qui poussaient directement dans l’eau, et nous pouvions marcher sur ces îles.
Sur le bord des canaux, nous observons le travail des villageois, qui travaillent dans les rizières et les plantations, ou entretiennent les berges, et, pour les femmes, lavent le linge en le battant contre des pierres plates. Les backwaters ne sont pourtant pas un monde préservé de la modernité, en témoignent les ordures qui flottent à la surface des canaux, ou les sacs plastiques roses ou bleus perçant des remblais récents.
A l’approche d’Allapujah, les bateaux de pêche cèdent progressivement la place aux house boats.
Souvent ils ne sont occupés que par quelques personnes qui y passeront la nuit ou seulement quelques heures. Ils se multiplient au point d’occuper tout l’espace des canaux, pourtant larges, et de forcer notre ferry à actionner sa trompe pour les faire s’écarter. Nous remontons en effet leur flux.
Nous rejoignons finalement notre quai d’arrivée et je trouve sans trop de difficultés la pension tenue par une famille chrétienne dans laquelle j’ai réservé une chambre.
Au début, nous allons d’étang en étang. Certains sont vraiment grands et se prêteraient bien à une navigation à voile. Mais je n’en verrai aucune à l’horizon : les moteurs hors bord ont tout supplanté. C’est dommage car il y aurait vraiment de quoi faire des croisières extraordinaires, ou au moins des raids sympathiques en voile légère.
Nous croisons beaucoup de bateaux de pêche, dont les équipages nous saluent.
Sur les rivages, je vois plusieurs grandes églises, dont la plus grande en construction. Il y a souvent une statue du Christ campée en avant-poste sur le rivage, parfois accompagné du saint qui donne son nom au lieu.
Quelques personnes privées ont aussi laissé libre cours à leur fantaisie, générant ici une dérivation charnue de notre statue de la liberté, pompeusement intitulée Goddess of Light.
Partout de grands carrelets sont implantés. Je vois aussi des pêcheurs en barque jeter dans l’eau de grands filets circulaires en déroulant amplement leurs bras : ceux-ci tombent entièrement déployés dans l’eau.
Ce paysage très ouvert se referme quand les étangs laissent la place aux canaux orientés nord sud. En période de mousson, qui occasionne des vents d’ouest soutenus faisant déferler les vagues sur les rivages, les back waters et les canaux offrent des mouillages sûrs et des voies de navigation tranquilles aux nombreux pêcheurs. Nous nous arrêtons une petite heure dans un restaurant très simple sur pilotis, pour prendre un déjeuner à base de poisson grillé.
Dans certains canaux secondaires, les plantes aquatiques ont colonisé l’espace, ce qui me fait beaucoup penser au delta du Danube, dans lequel j’avais passé une semaine à la recherche des zones de reproduction des pélicans, en barque maniée à la rame, quand j’étais coopérant en Roumanie. Je retrouve même des îles flottantes. Toutefois dans le Danube il y avait même des roseaux qui poussaient directement dans l’eau, et nous pouvions marcher sur ces îles.
Sur le bord des canaux, nous observons le travail des villageois, qui travaillent dans les rizières et les plantations, ou entretiennent les berges, et, pour les femmes, lavent le linge en le battant contre des pierres plates. Les backwaters ne sont pourtant pas un monde préservé de la modernité, en témoignent les ordures qui flottent à la surface des canaux, ou les sacs plastiques roses ou bleus perçant des remblais récents.
A l’approche d’Allapujah, les bateaux de pêche cèdent progressivement la place aux house boats.
Souvent ils ne sont occupés que par quelques personnes qui y passeront la nuit ou seulement quelques heures. Ils se multiplient au point d’occuper tout l’espace des canaux, pourtant larges, et de forcer notre ferry à actionner sa trompe pour les faire s’écarter. Nous remontons en effet leur flux.
Nous rejoignons finalement notre quai d’arrivée et je trouve sans trop de difficultés la pension tenue par une famille chrétienne dans laquelle j’ai réservé une chambre.
mardi 15 août 2017
Promenade dans les petits canaux des backwaters de l’île Monroe
Avec deux jeunes Français, je pars avec un tuk tuk rejoindre l’île Monroe d’où part l’excursion en barque organisée par l’office de tourisme local. J’ai là un jeune cadre d’une compagnie de distribution cinématographique, et son compagnon comptable. Le sélectionneur de films me dit redouter la rentrée en France car c’est la saison des marchés du cinéma, et il va devoir s’avaler des centaines de morceaux de films à Toronto et ailleurs pour retenir ceux qui seront proposés aux chaînes de télévision et aux réseaux de salles, et c’est pour lui une période d’indigestion cinématographique, d’autant qu’il ne doit pas suivre ses goûts, mais ceux des clients.
Pour l’instant nous glissons sur les canaux étroits propulsés par les mouvements lents de la perche. Nous voyons un serpent vert de plus d’un mtre nager en ondulant à la surface de l’eau, la tête bien dressée au-dessus de l’eau, beaucoup d’aigles bruns à tête banche, des kingfishers (l’équivalent de nos martins pêcheurs), quantités de canards, aigrettes, grues et cormorans.
Les canaux séparent des zones où sont cultivés des palmiers coco et des bananiers. Il y a aussi beaucoup de marais servant à l’élevage des crevettes, recouverts de filets pour empêcher les prélèvements des gourmands à plumes, et quelques marais salants. En pratique, c’est une bande de terre de plusieurs centaines de kilomètres de long où les lagunes sont reliées entre elles par des canaux creusés à la main par des générations humaines.
Nous nous arrêtons pour observer les divers processus qui permettent de transformer la noix de coco. Ce fruit est intégralement utilisable : l’eau de la noix est buvable, la chair blanche une fois séchée au soleil peut être pressée pour en extraire de l’huile, et l’écorce fibreuse peut être filée afin de réaliser des cordes. Nous en avons une démonstration avec une technique très similaire à celle présentée à la corderie royale de Rochefort.
Dans les parties de terre ferme, il y a aussi de nombreuses villas, dont certaines très coquettes et spacieuses. C’est une différence visible entre le Kerala et le Tamil Nadu, outre le caractère plus rural : l’agitation y est moins frénétique et l’environnement plus agréable.
Pour l’instant nous glissons sur les canaux étroits propulsés par les mouvements lents de la perche. Nous voyons un serpent vert de plus d’un mtre nager en ondulant à la surface de l’eau, la tête bien dressée au-dessus de l’eau, beaucoup d’aigles bruns à tête banche, des kingfishers (l’équivalent de nos martins pêcheurs), quantités de canards, aigrettes, grues et cormorans.
Les canaux séparent des zones où sont cultivés des palmiers coco et des bananiers. Il y a aussi beaucoup de marais servant à l’élevage des crevettes, recouverts de filets pour empêcher les prélèvements des gourmands à plumes, et quelques marais salants. En pratique, c’est une bande de terre de plusieurs centaines de kilomètres de long où les lagunes sont reliées entre elles par des canaux creusés à la main par des générations humaines.
Nous nous arrêtons pour observer les divers processus qui permettent de transformer la noix de coco. Ce fruit est intégralement utilisable : l’eau de la noix est buvable, la chair blanche une fois séchée au soleil peut être pressée pour en extraire de l’huile, et l’écorce fibreuse peut être filée afin de réaliser des cordes. Nous en avons une démonstration avec une technique très similaire à celle présentée à la corderie royale de Rochefort.
Dans les parties de terre ferme, il y a aussi de nombreuses villas, dont certaines très coquettes et spacieuses. C’est une différence visible entre le Kerala et le Tamil Nadu, outre le caractère plus rural : l’agitation y est moins frénétique et l’environnement plus agréable.
En route vers les plantations des Ghats
Mon projet principal d’ici Cochin et l’envol vers le Sri Lanka est d’aller faire un trek dans les montagnes situées à l’est du Kerala. C’est une zone située entre 1000 et 2000 mètres d’altitude où s’étagent des plantations d’épices, qui approvisionnent depuis longtemps l’Occident en variétés en tout genre (cardamone, poivre, gingembre, noix de muscade, citronnelle, piments...) et de thé.
Mais avant il faut que je sacrifie à la principale attraction du Kerala, à savoir le réseau très important de lagunes (les backwaters) alimentées par les eaux des montagnes et la mer d’Arabie. J’ai prévu cependant d’éviter la promenade en house-boat (une grosse barque recouverte d’une habitation en bois et toit de feuillage), car ça sent un peu trop l’exotisme frelaté.
J’irai d’abord à Kollam pour faire une excursion dans une barque maniée à la perche, puis prendrai le ferry public pour Allapujah, d’où des bus partent pour les montagnes.
Mais avant il faut que je sacrifie à la principale attraction du Kerala, à savoir le réseau très important de lagunes (les backwaters) alimentées par les eaux des montagnes et la mer d’Arabie. J’ai prévu cependant d’éviter la promenade en house-boat (une grosse barque recouverte d’une habitation en bois et toit de feuillage), car ça sent un peu trop l’exotisme frelaté.
J’irai d’abord à Kollam pour faire une excursion dans une barque maniée à la perche, puis prendrai le ferry public pour Allapujah, d’où des bus partent pour les montagnes.
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